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MÜNCHHAUSEN?

Texte: Fabrice Melquiot
Mise en scène: Clément Petit et Félix Rudel

Interprètation: Nathan Le Pommelet, Charlotte Nemoz, Jacques Nigon,

Rémi Taffanel, Jules Tricard, Nicolas Sanchez, julie Valle et Jean-philippe Vincent

Un jeune garçon (« Moi ») se retrouve confronté à père malade (qui se prend pour le baron de Münchhausen dans ses moments de délire) puis à la mort de celui-ci. Mais le jour de son enterrement, le jeune garçon tout ahuri n'aperçoit-il pas le baron en casque et en armes surgir sous ses yeux ?

NOTE D'INTENTION

Le Baron de “Munchhaussen ?” est une œuvre complète, qui s’est enrichie de toutes les écritures antérieures. Fabrice Melquiot s’est attaché à cette histoire dont il a tiré ce qui lui parlait le plus. Il en a fait un long récit qui s’autorise à raconter certaines aventures, en laisser certaines de côté et en créer de nouvelles pour le Baron et son fils.

 

Les aventures du Baron nous plongent dans une absurdité extrême. Plus on avance dans l’histoire et plus le public est convié à entrer dans un vivier d’images et de rêves plus loufoques les uns que les autres. Dans ce voyage sans fin, Fabrice Melquiot bouleverse l’histoire initiale, dès le début, en tuant le personnage principal. Le fils est alors laissé à luimême perdu dans un monde devenu bien morne sans les récits de son père. C’est la quête de la figure maternelle qui va être sa proue de sauvetage.

 

Il s’agit d’une histoire remplie de cruauté, de monstruosité mais aussi de douceur et de rêves. L’auteur mêle la tyrannie du monde humain aux fantasmes du Baron. L’histoire nous questionne sur ce qui est réel ou non. Blessé.es dans notre fort intérieur, on est atteint par le syndrome de Münchhausen. Tout ce qui se passe est à remettre en question et nous sommes confronté.es au sadisme d’une réalité distordue. C’est la quête de la figure maternelle qui va être sa proue de sauvetage.

 

Les langues se confrontent pour se mélanger : la verve déjantée du père (et des personnages de ses histoires), et la langue rationnelle, morose du fils. Tout ce dédale linguistique nous fait passer d’une réalité à l’autre et nous transporte dans un voyage sans fin d’images et de récits. Cette cohabitation entre ces deux langues nous ancre plus profondément dans le récit et nous offre une parenthèse poétique construite sur les ruines du Baron. “Münchhausen ?” est un texte pluriel et insaisissable. Un véritable imagier de sensations, de perceptions et de fantaisie.

 

Voyant le texte comme un matériau brut, nous concevons notre spectacle comme une toile vierge sur laquelle nous jetons toutes nos envies. Nous voulons faire de ce spectacle un objet esthétique et pour ce faire, nous avons la certitude de devoir utiliser tous les codes et matériaux que nous connaissons.

La voix, les mots et le corps sont les médiums d'expression du comédien.ne, son langage. Cette alliance rend le texte lisible, permet sa transmission au public, le met en mouvement et rend vivante l'action sur le plateau. Le corps a sa propre voix. Il exprime la volonté du comédien plus intuitivement que les mots. Les mots sont, eux, un langage plus direct et directif. En scindant ces moyens d'expression, l'acteur.ice peut devenir multiple et faire circuler des identités distinctes sur scène. Il s'agit alors d'un laboratoire d'exploration autant pour l'acteur que pour le public. Le son est évocateur d’images. Notre sens de l'ouïe est très aiguisé. Depuis le ventre de notre mère,la première idée que nous avons du monde est auditive. Avant l’avènement du théâtre et du cinéma, les histoires nous étaient contées. Nous avons tous.tes des souvenirs qui nous viennent d’abord par le son. Quand l’espace spatial est limité, l’espace sonore peut changer les choses. Nous allons donc faire une proposition sonore du plateau pour que le public voit son imagination transportée dans un espace plus personnel. Le son est un outil merveilleux pour faire voyager le public.

 

Plonger dans les rêves, une invitation à transformer sa réalité. À la manière des peintres, nous imaginons des tableaux, des images vivantes ou non. Figer dans le temps un instant donné qui peut se perdre dans l’espace-temps. Façonnés à force de travail et de répétitions, ces images brutes nous permettent d’inscrire un bout de cette histoire dans notre spectacle. Reproduire sur le plateau avec les corps une image picturale de la pièce peut en dire bien plus que de jouer toute la scène.

Il s’agit aussi de proposer une image partagée collectivement, pour laisser chaque personne du public se faire sa propre vision de la pièce.

Ces médiums d’expressions, nous permettront non seulement d’ancrer la pièce dans le moment présent, mais aussi de donner vie à ce que seul Le baron a pu voir.

 

“Münchhausen?” interroge en nous ce que nous avons de plus enfantin, notre imaginaire. Par ce spectacle, nous souhaitons mettre en avant les enfants que nous avons tous été. Une invitation a quitté notre morosité quotidienne, par des éclats de rires qui réchauffent les cœurs.

LA PIECE

"Munchhausen?" se présente comme une pièce pour jeune public, mais pas que, et cette définition semble tout à fait juste. Sa force est son accessibilité: les thématiques du fantastique, du rêve, de l’aventure, de l’absurde parfois qui captivent la jeunesse, mais aussi la capacité de ces thématiques à nous permettre d’affronter le monde des adultes. La pièce met en scène des trentenaires, confrontés au monde du travail, aux crises existentielles et surtout au deuil, qui trouveront dans un voyage fantastique, et peut-être halluciné, la force d’y faire face, et de célébrer la vie comme la mort au nom de la liberté, de l’amitié. Le nom Munchhausen, emprunté à un personnage mythique de la littérature allemande, est déjà intrinsèquement une invitation au voyage, à l’aventure romanesque. Pour toutes ces raisons la pièce résonne de façon particulière et unique en nous, qui jouons entre amis devant un public composé de tous âges et milieux sociaux, l’invitant à rire, à rêver, à retrouver en lui les clés d’accession à sa propre liberté.

NOTRE PROJET

La mort est universelle par essence. Épreuve ultime nous confrontant à notre réalité, notre condition humaine fragile. La mort peut nous abattre comme nous faire mûrir. Il n’est pas aisé de savoir comment réagir lorsqu’un proche meurt. Dès notre plus jeune âge, on nous apprend que la mort est un événement tragique et qu’il faut pleurer ses proches. Temps de désolation, l’enterrement est bien souvent un lieu de spectacle où l'apparat prime. Pour qui enterrons-nous nos proches? Pour eux ? Pour nous ? Pour recevoir compassion, plaintes et pitié ? Très peu d’entre nous avons grandi avec l’idée que l’on pourrait réagir autrement, face à ce qui nous met tous sur un pied d’égalité.

 

Chaque membre de notre équipe a été confronté à la perte de proches. Aujourd’hui nous nous retrouvons à l’âge du personnage de MOI et nous cherchons à faire le point sur nos vies. La scène devient un refuge, un lieu où l’on peut exprimer tout ce que l’on désire à notre manière. Nous faisons de cet espace un lieu où les rêveries prennent vie et où nous pouvons les partager avec le public. Nous voulions éprouver sur le plateau, la traversée du deuil d’un jeune adulte.

C'est ce que propose la réécriture de Münchhausen par Fabrice Melquiot.

 

Tout part de cette rencontre avec le texte. Le récit, comique et tragique à la fois, nous aventure dans un monde rempli d’absurde et de féerie. C’est une histoire de voyage entre rêve et réalité, parfois les deux se mélangent et parfois ils restent chacun de leur côté. C’est une histoire de tendresse avec sa famille et ses proches. En s'appropriant le conte et le personnage mythique du Compte de Münchhausen, l'auteur nous ancre dans une réalité que nous éprouvons tous et toutes. Elle traite de l'immuabilité du destin, de ces évènements fatalistes que nous ne pouvons nier; ceux qui cachent mille possibilités et nous laissent entrevoir, dans ce qui nous semble le pire, l'espoir d'un meilleur avenir.

 

Tout comme Fabrice Melquiot, nous aimons nous emparer des mythes et des contes de notre jeunesse pour les ancrer dans notre réalité. Parfois, les grandes histoires peuvent nous aider à mieux comprendre celles qui nous sont personnelles. “Munchhausen ?” évoque avec délicatesse et humour l’universalité du deuil. En fabriquant ce spectacle, nous ne faisons pas que nous interroger sur le sens de nos sentiments, nous cherchons aussi à célébrer nos morts et les vivants. Nous nous adressons à l’imaginaire collectif pour donner au public le plaisir de retrouver leur âme d’enfant.

FESTIVAL  AU COIN DE LA VIGNE

JUILLET 2023

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